Les gens de voyage en bateau forment une véritable communauté. Nous ne nous connaissons pas tous mais si l'un de nous a un problème, l'entraide est de mise. Cela, j'ai pu le constater. Cette sollicitude fait chaud au coeur. La communauté des gens de bateau au long cours se reconnaît entre elle (comment, je ne saurai le dire, mais quand on voit un gars de bateau, on le sait...). Elle est capable de se plier en quatre pour l'un de nous.
La nationalité entre en jeu mais surtout par effet linguistique (il est plus facile d'échanger quand on maîtrise la même langue). Après, aider un français, un canadien ou un américain, on le fait car c'est un voileux, cela nous suffit.
J'ai moi-même eu la chance d'aider quelques fois d'autres marins et je dois dire que la communauté me l'a amplement rendu. L'aide que j'ai pu recevoir m'a tellement réconforté au moment où j'en avais besoin que je ne l'oublierai jamais. Je serai toujours prêt à tout lacher pour aider un voileux sans aucune contre-partie, puisqu'on ne m'en a pas demandé quand on m'a aidé.
Le caractère humanitaire de cette entraide est un bien précieux. D'ailleurs ce caractère choque quelques fois les terriens quand celle-ci vient en concurrence de leur métier. Oui mais voila, nous ne raisonnons pas en termes mercantiles : si l'un de nous demande de l'aide, on l'aide, un point c'est tout. Car nous savons qu'un jour cela a été notre cas et que cela le sera peut-être encore.
Cette vrai force de la communauté perdure fortement aujourd'hui encore, malgré notre monde sociétal de plus en plus individualiste. J'espère qu'il en sera encore longtemps ainsi ; mais je pense que le milieu où nous vivons génèrera toujours cette entraide bénévole tant que perdurera la communauté des gens de voyage maritime. Les enfants (voire les petits-enfants) de Moitessier j'oserais dire.