La vie aux Marquises
Une fois n'est pas coutûme, noux sommes restés deux mois au mouillage à Taiohae à Nuku Hiva. Cette pause nous a fait du bien : d'une part nous avons pu scolariser les enfants, pour leur plus grand plaisir (pour le nôtre aussi !) ; d'autre part, nous avons vraiment rencontré la population locale (les indigènes quoi !!!! / Humour bien sur...). Et cela est super de commencer à saluer des gens qu'on connait, on tombe malade, untel demande de nos nouvelles... des petits riens qui font qu'on se sent faisant partie d'un tout... alors, oui, vous terriens vous le vivez, mais nous, gens de voyages, personne ne s'intéresse à nos petits soucis (sauf bien sur toi, lecteur assidu du blog !). Sinon, la vie aux Marquises est cool, vraiment très cool à vrai dire. Levé 6h (NbC : enfin la maman, parce que le papa c'est plutôt 6h45... héhéhé) pour emmener les enfants à l'école pour 7h30, après on bricole (NbC : surtout le papa), on papote (NbC : ben surtout la maman), on passe le temps jusqu'à la sortie des classes à 15h30. Là, on emmène les enfants au petit quai (notre repère) où ils jouent ensemble jusqu'au souper (pris sur place chez Henri ou au bateau).
Nous profitons de cette atmosphère paisible spécifique aux Marquises où le temps s'immobilise (oui, bon, elle était facile mais encore fallait-il la faire ;-) ).
Nous rencontrons quelques marquisiens, des métros (français de métropole installés ici depuis plus ou moins longtemps). Merci à tous pour tout ce que vous nous avez apporté :
Une semaine avec une équipe de télévision
Nous accueillons Gilles et Laïla pour un documentaire Thalassa. Ca va être sport : eux ils bossent et nous... ben nous sommes tropicalisés alors.... pfff... les rendez-vous, les plannings... argh ! Mais ça va aller. Déjà faire connaissance en les invitant au bateau. Une belle soirée qui va leur donner des idées. Les enfants pour l'occasion avaient revêtus leurs costumes marquisiens et s'étaient allègrement peinturlurés le corps à la gouache ! Quel accueil ! Laurent est très à l'aise avec la caméra (NdP : I'm a star !), moi j'avoue que j'ai beaucoup plus de mal (avec mon accent à couper au couteau !). Nous enchaînons les petites interviews sur notre quotidien (les enfants à l'école, l'attente d'un colis de pièces pour le moteur, réparation du moteur....), les reprises de scène (ie, on fait un truc, ils nous disent "ouah, c'était génial, vous pouvez le refaire pour qu'on puisse filmer, avec plusieurs plans..."). Une semaine bien chargée, moi je finis sur les genoux ! arf ! Mais l'ambiance est géniale, nous nous entendons bien avec nos invités. Même si le reportage ne passe pas, on se sera fait des amis ! Une belle rencontre. Et puis, c'est intéressant de voir comment ils travaillent, comment se fait le tournage d'un reportage. Nous échangeons aussi beaucoup avec eux qui ont vu pas mal de trucs (Gil a tourné beaucoup de Ushuaïa un peu partout dans le monde) sans pour autant être du voyage comme nous : eux travaillent et cela change pas mal de chose de notre point de vue.
Hakaui
Avec les journalistes, nous allons à la baie d'Hakaui, aussi connue sous le nom de Daniel's Bay (mais Daniel a rejoint les cieux maintenant). La baie est magnifique, majestueusement entourée de ses falaises tombant à pic dans la mer. Le mouillage est très bien protégé et l'eau est belle. Nous partons pour la journée pour une ballade jusqu'à la cascade située au fond de la vallée. Accompagnés de Tangui, un marquisien originaire de cette vallée, nous découvrons les vestiges des villages, les plus peuplés des marquises avant l'arrivée des européens. On estimait à 20 000 le nombre de marquisiens habitant cette vallée, ce qui nous paraît beaucoup surtout quand on sait qu'ils pêchaient un peu, qu'ils n'avaient comme animaux que des cochons (chèvres, moutons, chevaux et autres animaux ont été importés par les colons). Il semble que les marquisiens ne se nourrissaient que de fruits et surtout de Mehi (nom local du fruit de l'arbre à pain). Nous revenons vers 17h de la ballade, bien épuisés par cette journée. Un bain nous fait le plus grand bien avant de prendre le rituel apéro ! Je suis frappé par le fait que les journalistes ont travaillé toute la journée, ils n'en ont, à mon avis, pas profité mais eux estiment en avoir profité. Je leur fais remarquer qu'ils ne se sont même pas baignés dans la cascade alors que nous, toute la famille, s'est mise à l'eau, même si elle était bien froide. Cela fait réfléchir Gil...
Course de pirogue
Le samedi, une course de pirogue a lieu, pirogue en solo. Le parcours fait vingt-quatre kilomètres et le temps estimé du premier est d'environ deux heures, soit sept noeuds de moyenne. Cela me paraît énorme, mais il est vrai que ce sont de vrais athlètes. Nous avons la chance de suivre la course à bord du bateau de Pipapo, un ami de notre journaliste Gil. Pour se rendre au départ de la course qui a lieu dans la baie de Taipivai, nous longeons la côte à quelques mètres, cela est impressionant, nous ne ferions jamais cela avec notre voilier et l'impression est totalement différente. Une quarantaine de pirogues prennent le départ, nous avons notre favori, Roberto. C'est vraiment chouette à voir. Leur pirogues modernes sont très légères, chaque concurrent est équipé d'une gourde avec tube qui leur permet de se désaltérer sous ce soleil de plomb à l'instar des cyclistes. Les enfants sont ravis d'assister à ce spectacle de près. Seul hic, nous sommes sur un bateau à moteur, et dieu que c'est bruyant ! être sur l'eau est synonyme pour nous de calme et un certain silence, là, on a le gros RONRON du moteur en permanence. Nous rentrerons bien rougi par le soleil et émerveillé par les atlètes.
Baie de Hakaea
Patrick, métro installé aux Marquises depuis 35 ans et qui m'aide à réparer mes moteurs, nous convie dans sa baie au nord, la baie d'Hakaea. Nous contournons donc l'île de Nuku Hiva par l'Est pour finir sous spi (NbC: eh oui ! on a fini par le réparer, merci m'man pour le paquet d'accastillage) en entrant dans sa baie. Une première me dit-il : un voilier arrivant sous spi dans sa baie. Iris, sa femme est propriétaire d'une grande partie des terres de la vallée - elle est la descendante de la dernière Reine des Marquises, et nous accueille par un super Caï-Caï (repas). Le soir, nous tuons un cochon que nous ferons cuire demain. Les cochon sont très friants de coco, pour un attraper un, il suffit d'ouvrir quelques noix de coco, là les cochons se précipitent dessus et hop, on attrape celui que l'on veut. On passe une très bonne soirée à échanger avec Patrick et Iris sa femme sur les problèmes et les bienfaits de vivre aux Marquises (je vous rassure, les points négatifs sont peu nombreux...).
Le lendemain, nous nous mettons en cuisine : on part couper du bois pour faire cuire le cochon, on en profite pour reboucher quelques trous sur la piste qui mène à la maison de Patrick : ici, pas moyen de venir sans 4x4 ou alors à cheval. On prépare le lait de coco, le poisson cru, la citronnade. Tout est fait maison ici ! Catherine est ravie d'apprendre tout cela. En milieu de matinée, Ceramaje arrive. Deux catas dans la baie, c'est du jamais vu me dit Iris, elle est contente de recevoir comme cela des gens de bateaux.
Nous passerons la journée à manger, nager, sauter dans les vagues (tiens j'ai paumé mes lunettes ?!), les gamins courent partout, font du surf, sautent sur le trampoline "made by Patrick". A part les nonos, c'est le paradis ! On finira dimanche soir sur la plage avec un grand feu. Patrick n'arrête pas de nous dire que la prochaine fois il faut "beacher" les catas. Euh, ouais. C'est vrai qu'à marée basse on rentre presque à pied ! hihi.
Lundi matin nous repartons, un peu triste. Nous rentrons par l'Ouest, ce qui veut dire que nous aurons fait le tour de l'île dans le week-end. Pas mal.
Baie de Taiohae - fin de notre séjour
De retour à Taiohae, il faut finir de réparer le bateau : le guindeau, une couture de renforcement sur le spi, faire du gaz, revoir les problèmes électriques au niveau des moteurs. Bref ! y'a encore du taf. Catherine espérait un poste, mais après maintes relances elle apprend que cela n'est pas possible. Eh oui ! priorité aux locaux. Qu'importe ! on décide de repartir, direction les Tuamotu. Mais avant : au boulot !!
Envoyées en Colissimo, les pièces moteurs (soupapes, joint du haut moteur, ... merci Papa pour ton aide précieuse) vont mettre un mois tout de même pour arriver ici ... dans un emballage DHL !??! Allez comprendre... Du coup, on déculasse les moteurs, rodages des soupapes, puis on remonte. Entre temps, réfection des injecteurs à Papeete et remplacement des bougies de préchauffage. Oh, ca marche à nouveau !!! Bon, encore deux/trois bricoles comme remplacer un alternateur dont le pont de diode a rendu l'âme, voir pourquoi le préchauffage sur l'un des moteurs ne fonctionne pas, voir pourquoi sur l'autre moteur, c'est l'arrêt qui ne marche pas, recoller à l'epoxy le bouchon du vase d'expansion qui un jour m'est resté dans la main alors que je montrais à Thomas le truc... bref pas grand chose pour moi qui devient le roi de la mécanique petit à petit (Il ne me reste plus que le bas moteur à connaître pour avoir toucher à peu près à tout dans mes moteurs, je crois que si on s'arrête un jour, je les dépose, les refais moi-même entièrement, et hop comme neuf !). Résultat des courses : tout est fait, tout fonctionne (enfin à l'heure où j'écris ces lignes... je touche du bois pour que ça dure !). Mes problèmes moteurs sont survenus à cause du plein de Gasoil que j'ai fait à Panama, à la marina Flamenco : N'y faites surtout pas de Gasoil ni d'essence ! Mon Gasoil était tellement pourri (plein d'eau et de dépôt) que j'ai dû en premier lieu le jeter et refaire mes pleins ici (au prix de l'essence française, snif, aïe ça fait mal, mais vous êtes fou de le payer aussi cher !!!! Faites la révolution pour ça !), j'ai du changer mes pré-filtres et mes filtres Gasoil qui étaient neufs (j'avais fait le changement à Panama ;-( ), changer mes injecteurs (complètement rouillés et donc foutu par l'eau contenu dans le Gasoil, j'ai dû bataillé pour déboucher mes durits rigides entre la pompe d'injection et mes injecteurs, bouchés par la rouille interne...) bref sans déculasser mes moteurs, j'en avais déjà pour un bras...
Un grand merci à la marina Flamenco pour son Gasoil pourri qu'ils ne donnent qu'aux bateaux qui partent loin : chouette mentalité les gars ! Si vous passez par là, faites une distribution de coup de boule pour moi à l'ensemble des dockmasters qui servent l'essence, ça me fera du bien ;-).
Galerie de photo de Nuku Hiva :