Catamaran Black Pearl

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Convoyage de Tahiti jusqu'en Australie


Nous convoyons un voilier (le Sisyphe) en acier de 15m. de Tahiti jusqu'en Australie ; la destination initiale était la Malaisie mais une avarie nous contraint à stopper en Australie. Le propriétaire, Hubert, nous accompagne jusqu'à Huahine, puis je deviens le skypper accompagné de Max (Tahiti / Bora Bora), Solenn (Huahine / Tonga), Jé (Tahiti / Australie), Flo (Huahine / Australie), Ray (Tonga / Australie) et Sitaleki (Tonga / Australie). Une navigation difficile en raison des conditions précaires de confort du voilier mais une épopée riche en émotion et en chaleur humaine.

Le départ, les îles Sous-le-vent
Déchargement à Huahine Nous partons d'Arue (Tahiti) le 29 mars, avec à bord le plein d'eau, de courses pour tenir 2 mois et Hubert (le propriétaire du bateau), Jérôme (équipier), Max (équipier tout nouveau), et moi. Hubert commande les choses, normal c'est son bateau et je fais attention à ne pas aller contre son avis. Sous un petit vent, nous nous déhalons tranquillement et passons Moorea dans la soirée. Max, pour qui c'est la première navigation est impressionné et tout heureux. L'ambiance à bord est bonne, plaisanteries de mise. Jérôme et moi partons pour plusieurs mois de convoyage, donc nous sommes un peu plus attentifs à tout et nous nous lançons quelques regards de surprise quand Hubert nous apprend que certaines choses ne fonctionnent pas. Petite annecdote de la nuit, quand Max prend son quart, derrière le mien, il me demande ce que c'est cette lumière à l'horizon, genre c'est des extra-terrestres ou une ville, et bien non Max, c'est juste la lune. Beau levé de lune en pleine mer ! Cette première nuit fût calme et douce, et nous arrivons à 15h à Huahine et nous nous mettons au quai à Fare. Nous déchargeons des affaires qu'Hubert souhaite laisser ici chez une amie à lui, Florence. Jé et moi arrivons à convaincre Hubert de débarquer 2 fûts de 200L. qu'il voulait laisser sur le pont. Ouf !

Huahine
perte de l annexe Le soir, Florence et Solenn (qui habitent à Huahine) viennent prendre l'apéro à bord. D'entrée de jeu, Solenn me demande si je suis d'accord pour la prendre dans l'équipage. Je lui dis "pourquoi pas mais on en reparle demain", Jérôme est à fond pour qu'on l'embarque, les 15 jours de navigation à deux jusqu'au Tonga (où nous récupérons deux équipiers, Sitaleki et Raysun) ne lui disent rien du tout, il préfère qu'on soit plus nombreux. Sur ce, nous passons une très bonne soirée qui se poursuit chez Solenn. Au retour, Jé, Max et moi rentrons en annexe à la rame mais comme nous sommes un peu saoûl, il faut bien le reconnaître, nous n'arrivons pas à étaler le courant de la passe et nous sommes emportés à l'extérieur du lagon. Constatant que nous n'y arriverons pas, je demande à Max de plonger pour aller demander de l'aide à un autre voilier et Jé et moi nous nous retrouvons à l'eau (l'annexe s'est retournée) et nous arrivons à attraper de justesse la dernière bouée rouge de la passe. Si nous l'avions loupé, nous nous serions retrouvés hors du lagon à 2h du mat à la nage.
Bon on ne fait pas non plus les fiers sur notre bouée de chenal... Max arrive bientôt avec une annexe à moteur pour nous chercher et nous ramener sur Sisyphe, ouf, plus de peur que de mal mais bon, on ne m'y reprendra pas, l'annexe à la rame, c'est autre chose qu'à moteur où le courant importe peu. Du coup, l'annexe qui s'est retournée a dérivé et nous l'avons perdu. Heureusement, la chance est avec nous et deux jours plus tard, un pécheur de Huahine la ramène, elle flottait entre deux eaux.

Danse tahitienne à Huahine Le lendemain, nous allons mangé un repas polynésien (Maa) au Sud de Huahine. Très sympa, cela nous permet de rencontrer beaucoup de monde habitant ici et Florence et son équipe de danseuses nous offrent un très beau spectacle de danse Tahitienne. Puis nous passons une journée entière à visiter l'île de Huahine, à six dans une fiat Panda. Après ces quelques jours ensemble, Hubert débarque comme convenu, bien triste : il voit son bateau partir sans lui, difficile. En revanche, Solenn et Florence embarquent pour un bout de chemin. Et c'est donc à 5 que nous quittons Huahine le mercredi 3 avril pour Raiatea puis dès le lendemain Bora Bora. A Raiatea, nous passons une magnifique soirée à bord, ambiance fiesta ! Au passage des passes, j'envoie dans la mature une personne afin de faire profiter à mes équipiers du point de vue magnifique.

Bora Bora
Départ de Max à Bora Bora Arrivés à Bora Bora, nous allons mouiller au Sud du motu situé à l'Ouest de Bora Bora, superbe mouillage, snorkeling le lendemain puis remontée vers le nord en contournant le motu. Arrêt au Hilton où Max et Jé vont squatter les toilettes, quel bonheur d'avoir de vrais toilettes ! Arrêt au spot des raies pastanagues ensuite : on s'éclate bien même si ça fait très attrape-touriste. On finit vendredi après-midi par mouiller devant le Yacht Club. Et ô surprise, il y a une boite de nuit juste à côté de nous : bon ben hop tous en boite ! Là, nous nous amusons beaucoup, grosse soirée ! Hélas, le lendemain, on nous vole l'annexe, décidément, il était écrit qu'elle ne ferait pas le convoyage celle-là. En plus de l'annexe, on se fait visiter le bateau (vol de cigarettes, de jus de fruit, de toutes nos lampes frontales, d'un casque audio, ...). Un peu dégouté, Bora Bora ne me donne pas une super impression.
Le lendemain, Max repart vers Rangiroa et Flo vers Huahine, séparations bien tristes, ces quelques jours passés ensemble auront été géniaux, un vrai délire et une franche camaraderie. Mais Flo décide de venir avec nous, jusqu'aux Tonga au moins. Elle reviendra donc après avoir réglé quelques affaires courantes à Huahine. Entre temps, j'arrive à avoir une nouvelle annexe via le Yacht Club, qui est bien mieux que l'ancienne, chouette une annexe où l'on peut monter tous les 5 (avec l'autre, on était limité à 3 par voyage, donc on faisait des aller-retours pour descendre les 5...). Benoît, rencontré en boite, souhaite faire aussi partie du voyage mais je préfère limiter le nombre d'équipiers, sachant qu'on en récupère encore 2 au Tonga, afin d'assurer la cohésion de l'équipage.
Nous fabriquons un taud pour le cockpit qui sans cela est en plein soleil, aucune ombre, et vu que nous devons barrer tout le temps, le taud sera d'une grande utilité. Flo nous rejoint et nous faisons un dernier approvisionnement en frais avant le départ prévu le lendemain.

Traversée vers les Tonga
Solenn Le 11 avril à midi, nous virons l'ancre, destination les Tonga, c'est parti pour une navigation de deux semaines environ à priori. Nous sommes tous ravis de partir même si la pluie est au rendez-vous. A peine sortis de la passe, nous envoyons le spi. Quelques minutes plus tard, un grain nous tombe dessus et le bateau part au lof. Un peu en pagaille, nous affalons le spi dans un bon vent, le voilier n'étant pas manoeuvrable dans ces conditions. Et déjà un premier pépin : on s'aperçoit que le gaz du four ne fonctionne pas.

Le 12 avril, nous abordons Maupelia vers 14h, j'avais préparé cette surprise à mon équipage qui, tout heureux, me demande de s'y arréter pour la nuit. J'accepte mais hélas le courant sortant de la passe nous empèche d'entrer; cette dernière île aura égayé nos coeurs.

Le 13 avril, nous réparons le winch d'écoute babord qui avait un problème mais une des manivelles de winch est à moitié cassée.

Le 14 avril, un gros grain nous surprend au matin. Les coffres arrières fixés sur le pont se mettent à bouger dans un coup de gîte, nous passons un bon moment à les refixer. Cela fait un peu peur car ils sont pleins de bordel et bien lourds, on craint de s'en prend un dessus.

Couché de soleilLundi 15 avril, plus de vent à midi, on affale les voiles. On renvoie tout en soirée. La nuit s'annonce à grain. Dès le premier quart, on fait une pointe à 8Nds. Le bateau se comporte bien à la vitesse sous voilure de travers : artimon, grand-voile, trinquette et génois. Il est bien équilibré mais son poids important l'empèche de partir vraiment en vitesse.

Mardi 16 avril, pluie pluie pluie.... bon, heureusement nous avons droit à une petite visite de dauphins pour nous réconforter. C'est un peu dur car quand il pleut comme aujourd'hui, vu qu'il y a beaucoup de fuites, l'intérieur est tout mouillé et on a un taux d'humidité important à l'intérieur. Heureusement, les capots au dessus des lits ne fuient pas, les lits deviennent donc nos havres de paix à l'intérieur. A midi, premier cassoulet et tout l'équipage est ravi : cela réconforte dans cet inconfort environnant. Par contre, on dégaze un peu tous du coup...

Flo à l avantMercredi 17 avril, toujours peu de vent. Alors que je pensais naviguer avec les alizés tranquillement, il n'en est rien, peu de vent, vent tournant souvent, toutes les allures... mais où sont les alizés ?!!? Jé et Sol font un envoi de spi presque parfait, une seule petite erreur, mais ils la voient eux-même sans que j'ai besoin de leur dire. Ils progressent bien dans les manoeuvres et avec Flo, mes 3 équipiers sont toujours partants pour aller au charbon, c'est agréable. J'essaye de leur expliquer un maximum de choses et ils sont avides de tout connaître. J'ai quand même parfois du mal à expliquer le pourquoi des choses car pour moi, tout est inné sur un voilier ou presque.
L'ambiance du bord est bonne, tartinage à l'avocat pour les biens faits de la peau, Haka en groupe à l'avant et autres joyeusetés éguaillent nos journées, et les quarts de barre toutes les 3 heures rythment jours et nuits (la production d'électricité du bord est trop faible pour supporter en permanence le pilote automatique, donc nous barrons la plupart du temps, sauf 4 à 5 heures en journée et une demi heure maximum par quart de nuit).

Jeudi 18 avril, au matin, super Caï Caï (repas) préparé par Flo, matinée romantique : musique classique, douce. Nous formons un équipage soudé, décomplexé. Chacun a trouvé sa place à bord, dans la famille Gypsea (notre nom de team) tout en gardant son soi... pour soi ! Les jours s'enchaînent, le temps n'est plus, seul compte le nous et le désir d'en savourer chaque instant. Hier Jé, Sol et flo m'ont épaté dans la manoeuvre un peu sportive de nuit (sous grain fort, détangonnage puis affalage de génois et envoi de trinquette), le sourire à leurs lèvres ne les quittaient pas. Comme le dit flo, cet équipage s'est choisi.

Vendredi 19 avril, depuis la nuit, le vent est bien rentré, force 5 à 6, je garde pas mal de toile pour envoyer un peu, ça envoie du plâtre comme on dit par chez moi : 6,5 nds, déjà pas mal pour ce voilier. Barrer devient agréable et plaisant même si les quarts usent l'équipage à force.

Spi éclaté Samedi 20 avril, le vent passe de près à petit largue, bon plein puis grand large et diminuant de force, je fais envoyer le spi. Jé me dit une fois fait que le spi a une mauvaise tête en haut, je regarde et me dit qu'avec ce vent ca doit le faire, ca souffle a à peine 10nds., et moins de 5 minutes plus tard, clac ! le spi se déchire totalement : il se coupe en deux en haut, et sur tout le bord de chute. Et merde ! Bon, on rentre comme on peut ce qu'il en reste, je monte en tête de mat, hissé par mes équipiers pour récupérer la drisse et le point de drisse. Ca bouge quand même beaucoup la-haut en pleine mer. Sol qui souhaitait y aller est contente que je n'ai pas accepté de la laisser monter. Le spi est foutu, ca c'est un coup dur car je comptais quand même beaucoup sur lui pour abattre des miles dans les alizés... on va devoir tangonner le génois du coup. Je tente de réparer le groupe (qui pourrait nous fournir du courant) mais il y a un problème : le bout de lancement ne se rembobine pas, il faudra s'y remettre une autre fois. A midi couscous ! Miam ! Mais trop épicé pour Flo. Belle journée de navigation, Jé, Sol et Flo revivent après ces quelques jours pluvieux et ventés, le ciel gris leur avait miné le moral.

Dimanche 21 avril, problème électrique sur le pilote, le cablage se délite... je dois donc en refaire une partie. Nous changeons régulièrement les relais qui fonctionnent de quelques minutes à quelques heures... On passe sous génois tangonné sur la route directe, le bateau file 7 nds en douceur, c'est agréable !

Lundi 22 avril, au point de midi, 150 MN sur 24h, un record pour nous et probablement une des meilleures traites du bateau. La liste des travaux du bord s'allonge : feu de cockpit, étanchéité aérateur, feu de mat, groupe diesel, portique de l'écoute de GV qui donne des signes de fatigue très inquiétants (Sol en a peur), lunette, couture voile... sans compter des pièces qui ont laché et que nous avons déjà remplacées.

Lo et JéMardi 23 avril, depuis le départ de Bora Bora, nous passons beaucoup de temps à jouer à toutes sortes de jeux, jeux de carte et de dé, notamment au 10 000. C'est marrant comme on peut jouer en mer alors qu'à terre on passe très peu de temps à cela.
Le portique de Grand-Voile finit par lâcher, heureusement, sur la demande de Sol, nous l'avions sécurisé par des bouts. Mais bon, maintenant, nous installons le palan d'écoute sur deux taquets du cockpit et il faut dorénavant défaire le palan et le mettre sur l'autre taquet à chaque virement de bord : pas évident mais bon, on fera avec vu que nous n'avons pas le choix... Nous maudissons tous le propriétaire pour ne pas avoir fixer ce problème avant le convoyage. J'établis un calendrier des quarts de nuit car jusque-là tout se passait bien sans avoir besoin de fixer les choses mais avec la fatigue et l'usure, la chose créée des désaccords. Pour couper court, je fixe les choses sans commentaire possible, je décide en tant que capitaine du bateau. L'ambiance du bord est tendue maintenant, surtout avec Sol qui plusieurs matins de suite nous fait des reproches à tous : un clivage grave se créée et elle décide de débarquer aux Tonga, ce qui est une sage décision. Mais du coup la fin de cette traversée est pénible, surtout après avoir passé de si bons moment ensembles. Du coup Flo, Jé et moi-même faisons en sorte de vivre ensemble, mais une tension vis-à-vis de Sol plombe l'atmosphère du bord.

Flo, Sol, Jé et LoMercredi 24 avril, nous sommes à 190 MN des Tonga, et vu l'ambiance du bord, nous serons heureux d'arriver pour soulager la pression mise par Sol sur le bord. Nous pensons accoster dans 2 jours, et 2 jours à vivre sur un bateau à 4 avec un équipier qui ne parle plus ni ne fait plus rien, et bien ça n'est vraiment pas cool. Jé et moi décidons qu'une fois arrivés en Malaisie, nous nous tatouerons un truc en mémoire de ce convoyage (ndlr : Jé l'a fait, moi pas encore...).

Jeudi 25 avril, journée morne, on joue à 3, Sol ne veut particper à rien. Seule bonne nouvelle, il ne reste plus que 90 MN.

Vendredi 26 avril, nous arrivons à 9h45 aux Tonga, nous profitons d'une magnifique baie pour mouiller et se baigner un coup avant d'aller nous mettre devant le village. De beaux et grands dauphins nous accueillent, instant magique !

Les Tonga
Nous arrivons donc vendredi à 16h devant Neiafu (ville principale de l'île tongienne où nous arrivons) mais en fait, nous sommes samedi !??! Hein ? ben oui, à cause du décalage de 24h que les Tonga ont choisi de prendre. Du Picton Castle coup, pas de bol, les autorités (douane et immigration) sont fermées et nous ne pouvons, en principe, pas débarquer puisque n'ayant pas fait notre entrée. Et moi qui me disait justement "cool, on arrive le vendredi fin d'après-midi, les autorités ne vont pas faire trainer le truc". Vu l'ambiance du bord, Sol et Jé vont à terre pour y passer la soirée (besoin de décompresser !), Flo et moi sommes contents de nous retrouver dans une atomsphère plus saine d'un coup. En revanche, je ne peux pas laisser Sol débarquer avec toutes ses affaires, nous devrons faire notre entrée en bonne et due forme lundi, jour où elle pourra débarquer.

Nous rencontrons nos 2 nouveaux équipiers, Cédric (dit Sitaleki) Raysun (dit Ray) qui nous attendent. Sitaleki vit aux Tonga depuis 6 mois et Ray vient d'arriver de Nouvelle-Zélande pour rejoindre le convoyage.

Nous profitons de cette étape pour réaliser quelques travaux à bord et remettre le bateau en état, tant que faire se peut. Nous visitons aussi un peu l'île de Neiafu et profitons du temps ici pour nous reposer. Le contact passe tout de suite bien avec Sitaleki et Ray, même si Jé, Flo et moi avons une complicité due à notre première traversée. Sol débarque un peu après les formalités d'entrée accomplies, c'est un soulagement pour l'atmosphère du bord, Flo, contre qui Sol avait concentré sa rancoeur, revit. Un vieux grément école est mouillé dans la baie devant le village, nous en profitons pour aller le visiter. Ray et Sitaleki sont sous le charme des nombreuses filles du bord (l'équipage est principalement féminin). C'est un trois-mâts barque à l'ancienne sans aucune assistance mécanique et moderne, tout est à l'ancienne, beau et impressionant.

Chorale tongiennePour souder l'équipage avant de partir en traversée, nous allons passer 2 / 3 jours dans les îles environnantes, aux mouillages plus accueillants pour le snorkeling. Après 2 heures d'une petite navigation, nous découvrons de magnifiques baies. Nous trouvons ensuite un mouillage dans une belle eau turquoise; une petite île à côté offre de beaux coraux mous violets. Nous profitons du temps de cette escale et l'ambiance à bord devient vite bien chaleureuse, l'humour et les blagues sont au rendez-vous. Nos deux nouveaux équipiers sont acceptés par nous trois.
Idem pour eux qui nous adoptent.

Je comptais faire réparer le portique mais je n'ai pas pu trouver de soudeur, tant pis, on continuera comme ça. Sinon, pour le reste, nous arrivons à tout réparer à peu près. Jé, Flo et moi sommes un peu reposés mais pas totalement. Je le sens à ce départ et cela se confirmera petit à petit; à chaque départ, nous sommes un peu plus fatigués, pas une fatigue "instantanée" mais une usure du corps plutôt.

Traversée Tonga - Vanuatu
Ray et son wilson Lundi 6 mai, nous virons l'ancre, départ de Neiafu à 15h, Direction le Vanuatu. Ray et Sitaleki sont ravis, c'est une première pour Ray de naviguer et pour Cédric, ce sont les retrouvailles avec ce bateau (il aura plus navigué avec que Hubert le propriétaire). Cédric fait un très bon second, place qu'il prend naturellement et que l'équipe lui laisse tant il connaît bien le bateau. Il lui manque juste un peu de bouteille et de milles au compteur pour commander l'équipage. Les rôles se repositionnent bien, j'épaule Ray pour ses premiers quarts de nuit afin de le mettre en confiance même s'il n'en a pas vraiment besoin.

Mardi 7 mai, Flo est malade (mal de mer), Ray aussi est un peu barbouillé. Je les plains, pas facile de subir cela au départ. Il faut chaud, et nous naviguons tranquillement, effectuant entre 80 et 140 miles nautiques par jour en fonction du vent, qui n'est toujours pas d'alizé (peu de portant mais plutôt du travers). On en prend notre parti et on avance (on avance on avance, c'est une évidence...). Le bateau se comporte bien dans la mer même s'il reste difficile à vivre en navigation à cause de son manque d'entretien (fuites, pièces qui cassent ...).

Mercredi 8 mai, nous continuons à remonter vers le 300° pour passer au Nord des Fidji où nous n'allons pas nous arrêter, même si l'équipage ne demanderait pas mieux, mais cela ne fait que 3 jours de navigation depuis les Tonga, et la route est encore longue jusqu'en Malaisie... aujourd'hui, nous changeons de génois car celui dont nous nous servions a quelques trous que je préfère faire réparer par l'équipage plutôt que de laisser trainer et que le génois s'ouvre en deux comme le spinnaker.

Bizutage du captainJeudi 9 mai, nous passons les Fidji dans la journée, comme prévu (je suis content de mes calculs pour passer les caillasses de jour !).
16h17 : passage de l'antiméridien, je bizute l'équipage qui ne capte pas ce qui lui arrive, du coup j'y ai droit moi aussi (au bizutage !)
Comme pour me punir, les quarts de nuit seront calmes pour tout le monde sauf pour moi... j'suis sûr que l'équipage m'en voulait de ne pas m'être arrêté aux Fidji ! ;-) Y a du Mana à bord !??!

Vendredi 10 mai, reveil de bonne heure pour tout le monde, du coup on se fait un super Caï caï (entrée, pizza & quiche !). On parcourt à nouveau 150 MN en 24h, ce qui nous laisse 600 MN jusqu'à Sola, aux Vanuatu.

Samedi 11 mai, nuit pluvieuse pendant laquelle Ray se plaint d'un mal de tête, mais cela passe dans la matinée : je penche pour une insolation; il faut faire attention car sur le pont, il n'y a aucune protection, le taud que nous avions confectionné n'existant plus depuis que le rail d'écoute de GV a laché. Journée de pluie, mais on fait quand même 130 MN.

Thazard péché Dimanche 12 mai, Flo à la barre fera notre première pointe à plus de 10 Noeuds, 10,1 nds exactement ! Ca décoiffe sur Sisyphe ! Le bateau est sain en nav', on le contrôle bien, bien calé sur son bouchain au travers. Par contre la poulie de renvoi au pied de mat de drisse de GV explose et la manille du point d'armure du GN est morte. Que de casse... je gère mais vois aussi le stock de pièces de rechange fondre à vue d'oeil...

Nous péchons notre premier poisson, un beau thazard de 90 cm de long, Jé, Ray et Sitaleki sont tout fiers de leur prise ! Miam Miam ! Bon, ce sera même notre seule et unique pèche de toute la navigation : quand on vous dit que les pécheurs ont vidé les océans, ce ne sont pas des blagues !!!

Flo recoud le génoisLundi 13 mai, Nous gérons l'eau du bord de manière draconnienne : nous avons des bonbonnes de 5L, quelques bouteilles de 1,5L et 500L en Tank. Je note la consommation à chaque fois qu'on prend de l'eau du tank car je prévois de ne pas le faire remplir (chose délicate) d'ici un moment. Ce matin par contre, nous en prenons 30 L. Hélas, l'eau à un fort goût de terre. Moi et Jé, cela ne nous gène pas, mais Flo ne veut pas en boire du tout. Aille, pb car nous n'avons pas d'autre eau... A midi, on mange une salade de concombre et nous attrapons tous une diarrhée monumentale ! A 5 à se relayer au seul toilette du bord... C'est Jé qui "découvre" cela le premier, suivi de près par moi... et ensuite, c'est la queue pour les toilettes, Ray allant même faire à l'arrière car il ne peut pas attendre... Cela m'inquiète car la diarrhée, au dela de l'inconvénient généré déshydrate le corps, je leur demande donc de beaucoup boire, je ne voudrais pas qu'avec cette chaleur et ce soleil de plomb, on ait une déshydratation aïgue ! Heureusement, l'équipage fait attention et suit bien mes consignes, et tout se passe bien, après une journée, nous retrouvons tous des intestins normaux, ouf ! Bon, pour l'autre concombre, je décide qu'on le jette, pas question de tenter le diable.

Flo aux dé Autre problème du jour, nous n'avons plus de gaz ! Argh, mierda ! J'avais bien dit à Hubert d'en prendre une nouvelle avant le départ, mais non, il avait voulu bidouiller un échange avec une copine et nous voilà marron !! J'suis vert. Bon, heureusement on a des petites bonbonnes de secours, mais cela devient accrobatique de cuisiner car il s'agit d'un autre brûleur que la gazinière, et avec la gîte constante du voilier, pas évident... Mais Jé assure toujours aussi bien en cuisine, Sitaleki et Flo aussi. Seul Ray est moins cuistot en chef... Quant à moi, les avis divergent...

Mardi 14 mai, peu de vent alors que nous avancions bien jusque-là, seulement 55 MN en 24h nous passons beaucoup de temps depuis le début de ce convoyage à jouer aux dé, aux cartes, à des jeux oraux, on tague aussi le cockpit (j'ai du limiter au cockpit les tags sinon, nous aurions tagué aussi l'intérieur. Cela sert de défouloir et ça nous faire rire). Nous formons un bel équipage, il y a beaucoup de marques d'attention entre nous, les quarts qui s'allongent pour faire profiter le suivant de quelques minutes de sommeil en plus, un café ou un thé bien chaud à celui qui commence son quart (merci Jé pour ces supers cafés !). Et heureusement que l'ambiance est bonne entre nous, car avec la difficulté du voilier, nous ne continuerions pas.

Sitaleki découvre les VanuatuMercredi 15 mai, après avoir cassé deux aiguilles à sa couture, nous renvoyons le génois. Que de couture et de pièces à réparer, le bateau tombe littéralement en ruine. Il n'était vraiment pas prêt pour ce voyage, alors que le temps est plutôt clément au niveau des conditions de vent.
Petit délire de l'équipage qui réveille Jé par un "Stand By Me !", il ne s'apercevra qu'au bout de quelques heures que nous lui avons colorié le nez au feutre pendant son sommeil, sans qu'il le sente, c'est dire la fatigue accumulée...

Jeudi 16 mai, arrivée dans la matinée aux Vanuatu, à Sola. Quelle joie de voir la terre, son vert naturel. Les sourires sont collés à nos lèvres, une envie d'aller fouler cette terre vierge (pour nous).

Vanuatu
Franck A peine mouillé devant Sola, dont nous ne voyons presque rien depuis le bateau, seules 2 / 3 batisses, mais la ville semble toute petite, enfin ville... village plutôt ! On gonfle l'annexe et hop à terre. Dépaysement total ! Difficile de décrire ce que nous vivons. Dans un premier temps, je m'enquiers des formalités d'entrées histoire de ne pas froisser les autorités, et c'est en français qu'un agent de la mairie nous fait remplir des papiers d'immigration. Au Vanuatu, la population parle français et anglais car c'est un ancien condomium Franco-Anglais (pays gourverné conjointepment par la France et l'Angleterre) et donc les enfants apprennent soit l'anglais, soit le français à l'école (qui est soit l'école française, soit l'école anglaise). Une fois cela fait, nous nous baladons un peu et nous rencontrons Franck qui nous fait visiter son village. Il est un des politiques du village. Nous rencontrons ensuite Chef Georges qui dirige une communauté religieuse important de l'île. Celui-ci nous invite à revenir le lendemain pour une cérémonie d'accueil et à partager le Kava avec eux.

cérémonie du kava Vendredi 17 mai, c'est mon anniversaire ! 25 ans ! (ou presque...) ca se fête hein ! Oui bon ok, j'ai un poil plus de 25 ans, mais peu lirons jusque-là ce récit ... L'équipage me fait un superbe Noël, heu anniversaire mais c'est tellement touchant et sympa que c'est Noël avant l'heure !!! j'ai droit à une féérie de cadeaux très utile, voire indispensable, surtout la culotte de grand-mère rayée rose... Hum, je vais avoir un certain succès avec çà ! Ensuite, nous descendons à terre après avoir mangé, nous sommes alors accueillis par la communauté de Chef Georges, des guerriers tentent de nous enlever (pour de rire) et nous avons ensuite un orchestre qui joue pour nous, on se met à danser, cela les faits bien rire. Ensuite vient le cérémonial du Kava, bon allez les gars, faut faire honneur, cul-sec ! Ouais bon, dégeux mais pas tant que çà, on va en reprendre quelques bols. Ca fait bizarre dans la bouche. Et on parle avec les gens de la communauté, de leur difficulté et de leur vie. Ma foi, c'était l'anniversaire qui m'aura le plus marqué, tellement hors du temps et de la société européenne !

Simo au Vanuatu Samedi 18 mai, Flo traite des malades sur la demande du Chef Georges, moi je fais la causette avec le Chef Georges : ils sont très protocolaires, les gens avec un peu de pouvoir veulent me parler à moi (au capitaine) plutôt qu'aux membres de l'équipage. Pendant ce temps jé, Ray et Sitaleki vont à la rivière aux crocodiles accompagnés de Simo, enfant qui a adopté Ray ou l'inverse, allez savoir ! (ndlr : je pense que c'est le fils caché de Ray mais il le sait pas lui-même...). Ray finira par lui donner une super paire de basket et un tie shirt. L'après-midi, finale de foot, et oui, ça joue au foot ici, à fond ! Le village est pauvre, peu d'électricité, pas de route à proprement parlé, mais un stade de foot impeccable, une tribune et des gradins en dur sur un côté du terrain. Une des équipes vient de l'autre côté de l'île, 4h de marche intense pour venir, le matin même du match, ils sont chaud là les gars !

Dimanche 19 mai, nous partons pour un autre mouillage de l'autre côté de l'île, WaterFall Bay. Arrivée à 15h, nous contemplons les cascades jumelles et nous nous baignons. Rencontre avec le chef Jerely qui tient un "Yacht Club" proposant la restauration. Ok pour le lendemain soir, histoire de gouter...

Lundi 20 mai, nous allons aux fameuses cascades, jolies et rafraichissantes. Puis nous marchons et nous nous reposons le long d'une magnifique plage de sable blanc. Au bout, un enrochement nous permet de faire quelques sauts, la joie de vivre et d'être ici.

UreParaPara au Vanuatu Mardi 21 mai, départ pour une autre île des Vanuatu, UreParaPara. C'est une île volcan qui s'est suffisamment enfoncée pour que l'on puisse rentrer en bateau dans l'ancien cratère et venir mouiller à 15h au fond de la baie devant le village. Nous sommes l'attraction des villageois, ils viennent nous saluer en pirogue et nous invite à la cérémonie de bienvenue avec Kava évidemment ;-)

Ce village vit hors du temps : ni route, ni électricité, pas de cellulaire, pas d'argent, le village vit en mode tribal, dirigé par un chef qui fait office de maire, de juge, ...et qui n'est pas un dictateur mais qui essaye de faire au mieux pour sa communauté. Impressionnant. Son accueil simple et chaleureux nous met à l'aise. Sa fille a accoucher il y a un mois elle a très mal au ventre depuis une semaine et elle est allité. Nous allons l'emmener à Sola pour qu'elle puisse voir le médecin volant (médecin qui vient en avion privé à sola, mais qui ne peut pas venir ici car il n'y a pas de piste).

une bonne partie du village sur la plage Mercredi 22 mai, Flo tente de traiter la fille du chef tandis que les gars partent en ballade avec Tom dans la jungle pour découvrir un joli point de vue depuis une crête. Nous avons l'impression étonnante d'être sorti du temps, d'être au paradis, simple. Nous convions Tom et le Chef à venir manger à bord.

Jeudi 23 au samedi 25 mai, Flo et moi descendons avec le chef, sa fille et plusieurs autres personnes à Sola pendant que Jé, Ray et Sitaleki reste à UreParaPara. Cela leur permet de mieux découvrir la vie des gens du village. Quand nous revenons au village, Sitaleki est un peu malade.

Traversée Vanuatu - Papousie Nouvelle Guinée
Dimanche 26 mai, nous partons vers 17h pour la Papouasie-Nouvelle Guinée (PNG). Nous partons sous la pluie et l'équipage n'est pas très heureux de ce départ, heureusmeent le temps s'éclaircit et cela nous fait du bien au coeur. Cette étape aux Vanuatu aura été très spéciale. Les gens ont été touchant et l'accueil hors du commun. Sitaleki est bien malade et il m'inquiète un peu, j'espère qeu ca ira mieux. Nous fétons aussi un anniversaire : Ray à Sitaleki : "souviens toi, c'était il y a 20 ans !" " Ah oui, joyeux anniversaire !" l'OM a gagné la coupe d'Europe il y a 20 vingt...

Lundi 27 mai, Pour ce départ, Flo a à nouveau le mal de mer, elle vomit plusieurs fois, cela a l'air de plus en plus dur pour elle mais elle garde le moral en se disant que cela finira par passer. Elle a aussi des bobos infectés aux jambes qui lui donnent de la fièvre.

Mardi 28 mai, 170 MN en 24h, un record !!! Nous avançons bien mais il y a aussi un bon courant qui nous pousse. J'ai moi aussi des soucis aux jambes, des bobos qui se sont infectés. Du coup, quand je me lève, il faut que j'attende quelques minutes avant de pouvoir prendre appui sur mes jambes.

Ca dort ca dort !Mercredi 29 mai, 171 MNen 24h, on avance bien mais l'équipage est bien fatigué. Sitaleki, toujours malade, est bien faible. Nous ne nous sommes pas assez reposés au Vanuatu. Sisyphe avance bien mais cela ne suffit pas à nous remonter le moral.

Jeudi 30 mai, L'équipage craque et ils décident tous de s'arréter à Port Moresby au PNG. Ils en ont plein leur sac. Les conditions de navigation et d'hygiène à bord ont eu raison de leur motivation. Je les comprends et ne leur en veux absoluement pas même si pour moi, ca va. Je continuerai seul s'il le faut. Et je pense quand même qu'au moins un d'eux restera avec moi pour continuer.

Du Vendredi 31 mai au Dimanche 2 juin, les journées passent, l'équipage n'a plus qu'une hate, arriver et débarquer au PNG. L'ambiance reste bonne à bord malgré leur décision. Ils ne m'en veulent pas, ce n'est pas ma faute mais celle du bateau qui est trop fatiguant en navigation. La fatigue amène quelques coups de gueule non vers un autre équipiers mais vers le bateau lui même et ces conditions. Nous avançons bien néanmoins en alignant de 130 à 150MN en 24h chaque jour.

Jé en cuisine Lundi 3 juin, je fais un énième exercice d'homme à la mer en me jetant par dessus bord. Là, Jé voit un gros aileron juste derrière moi et se met à flipper grave. Moi dans l'eau, impuissant, je me refuse à flipper et me dirige doucement vers le bateau qu'ils ont stoppé et ramènent vers moi. Je remonte à bord en n'ayant pas vu d'aileron, plus de peur que de mal. après recherche sur le net, Jé découvrira qu'il s'agissait d'un gros thon jaune. Ray se jete à l'eau aussi, histoire de voir l'effet que ça fait de voir le bateau continuer sans nous. Emotion garantie, surtout que le moteur refuse de démarrer, heureusement que je suis à bord, je trouve une solution pour le démarrer et nous récupérons Ray indemne. Jé explose un petit coup et demande à ce qu'on arrète ce type d'exercice qui lui font trop peur.
Nous lançons également une bouteille à la mer avec un message, à ce jour nous n'avons toujours pas reçu de réponse. Jé qui était revenu sur sa décision de quitter le bord se dit que finalement, lui préfère stopper à Port Moresby, trop de tension, il ne dort plus bien depuis un moment, prend des antianciolitiques. Je lui laiss el choix et lui explique que dans la vie, il faut faire ses choix, moi je ne lui en veux pas, il fait comme il veut, pas de souci.

Mardi 4 juin, arrivée à Port Moresby, soulagement de tout le moment.

Papouasie - Nouvelle Guinée
Papouasie Nouvelle Guinée stand dans la rue Ca c'est fait ! Nous sommes à Port Moresby et nous avons passé le Pacifique. On mouille devant le port, mouillage avec les cargos. L'eau n'invite pas à la baignade. Hum tout ce qu'on aime ;-( Mais bon, nous sommes bien protégés, c'est déjà ça. Nous filons à terre en annexe mais au yacht Club, on ne rigole pas avec le règlement, interdiction formelle de sortir tant que nous n'avons pas fait notre entrée. On boit un coca frais, hum que ca fait du bien. On rencontre Vincent un français qui est là au port depuis quelques jours, un problème de pilote. Ils arrivent de Nouvelle-Calédonie et doivent continuer vers la Réunion. Vincent a de gros soucis avec son équipage, et c'est là que je suis content que tout se passe bien avec le mien, même si ils souhaitent débarquer ici.

Du mercredi 5 juin au samedi 8 juin, nous nous reposons, mais pas trop car la liste de chose à faire est longue. Après avoir fait notre entrée pour un coût exorbitant (250$ de visa !), je regarde pour faire réparer les deux génois qui rendent l'âme... ils leur faut un vrai travail de voilier. il faut qu'on refasse un peu d'avitaillement et l'équipage regarde pour débarquer et comment ils peuvent s'organiser pour la suite. Hélas pour eux, les billets au départ de Port Moresby sont hors de prix. Et Ray et Jé qui voulaient se ballader en Papouasie - Nouvelle Guinée renoncent à cause de l'insécurité ici, qui n'est pas un vain mot ! Un blanc ne se ballade pas dans la rue ici. Une australienne nous a vu à pied dans la rue et elle s'est dit "tiens la prochaine fois que j'entendrais parler d'eux, ce sera par les journaux, ie ils auront été attaqués !".

gateau de geraldine PNG Nous rencontrons Géraldine, une française qui habite ici et qui nous invite chez elle pour qu'on fasse un peu d'internet. Elle est là avec son mari Pierre qui travaille pour une société américaine sur un gazoduc au milieu de la jungle de Papouasie - Nouvelle guinée. Elle fait la classe à leurs enfants et son passe-temps favori est de faire des super gateau à la décoration de fou (cf image ci-contre !). Leur accueil est charmant et nous passons aussi une très bonne soirée en leur compagnie. Merci à eux pour leur accueil.

Papouasie Nouvelle Guinée rencontre avec un artiste peintre Vincent qui se sépare de deux de ces trois équipiers essaye de recruter dans les miens, en leur proposant même une rémunération conséquente. Mais non, mon équipage est trop soudé pour accepter pareil chose. Soit ils débarquent ici, soit ils continuent avec nous, sans même que j'ai à leur dire mot. Ca fait chaud au coeur, je dois bien le dire.
Nous passons une soirée mémorable lors d'un mach de rugby (le derby local), alcool à gogo, et je ne suis pas en reste... aille à la tête le lendemain...Il paraît que les ballons de rugby étaient à gagner, nous on en a eu plein gratos, sans jouer... allez savoir pourquoi ?!!?
Après moulte temps passé à cela, nous réussissons à faire réparer les génois (l'un des deux étaient quand même couper en deux vers le point de drisse !) et les principales réparations sont faites pour que nous puissions repartir. Après longue hésitation, l'équipage repart complet, direction Timor Oriental où, d'après nos sources (phillipe, un français qui y a vécu il y a quelques années), ils pourront débarquer à moindre coût et même visiter l'île. Timmor Oriental, alors ça si ca dépayse pas ?!!!

Et c'est donc le dimanche 9 juin que nous repartons en compagnie de Vincent (qui n'a plus qu'un équipier), les deux voiliers partent ensemble. Vincent ne sait pas s'il fait un stop au Timor Oriental comme nous.

Traversée Port Moresby (PNG) - Nhulunbuy (Australie)
Partis à 17h du mouillage, nous franchissons la passe qui permet de sortir de la barrière coralienne protégeant Port Moresby vers 18h puis nous envoyons vers l'entrée de Torres. A la nuit, nous perdons rapidement Vincent de vue et de portée VHF. Nous ne faisons pas la même route, je ne sais pourquoi car à mon sens, il devrait nous suivre, mais bon il fait comme il peut.

Lundi 10 juin, on se remet au rythme de la navigation. Nous sommes tous fatigués, l'usure se sent. Chaque manoeuvre est une corvée même si l'ambiance à bord reste bonne, heureusement d'ailleurs sinon, ce serait vraiment un calvaire. A la nuit, nous embouquons le détroit de Torres qui correspond à un chenal balisé qu'il faut bien suivre et surtout que l'on partage avec les cargos, gloups ! D'ailleurs, dès l'entrée, nous avons un joli cargo qui nous fonce dessus, Jé et moi, de quart (dans Torres, deux personnes de quart en permanence), nous balisons bien, je finis par m'annoncer à la VHF, éclairant la Grand-Voile d'une lampe torche (ah oui, notre feu de navigation ne fonctionne plus of course !). Ca fonctionne bien, ils nous répondent qu'ils nous ont vu et qu'ils nous passent à côté. Bon, première sueur... Ensuite, cela va mieux, moins de cargos. Nous suivons le chenal en nous maintenant bien sur le côté histoire de les laisser passer au milieu.

Mardi 11 juin, La navigation dans Torres est très agréable le jour car il n'y a pas de mer (la grande barrière de corail arrète la houle océanique). Que c'est agréable de retrouver une navigation au calme. L'eau est d'un vert clair impressionnant. Pas question de se baigner ici, trop dangeureux. On voit quelques serpents nageurs de bonne taille, faudrait pas qu'ils montent à bord, ils sont très mortels. A 17h, nous passons Thursday Island et à 23h, nous sortons officiellement de Torres. Ouf, c'était un passage quand même délicat.

safran de fortuneMercredi 12 juin, à midi, Avarie de barre ! Je vérifie, la barre à roue fait bien tourner la mèche (axe qui entraine le safran). Aille, on plonge pour constater que le safran n'est plus là, il ne reste que la mèche sous l'eau... pas cool du tout. Là, je ne peux pas réparer. Je contacte Hubert, le propriétaire, pour l'en informer et voir avec lui quoi faire. Thursday Island n'est qu'à 100MN, soit 24h mais contre le vent. Mais il fait des recherches et préfère qu'on aille à Nhulunbuy en australie, à 300 MN soit 3 jours de navigation mais avec le vent. On se met d'accord sur cette destination. Il me demande de poursuivre jusqu'à Darwin mais je refuse, c'est à 7 jours de mer et en passant dans des endroits plein de cailloux... sans safran, cela me paraît trop délicat. Nous fabriquons un safran de fortune avec la bôme de l'artimon, des bouts de bois, des planches, les lattes du cockpit et du bout. Bon, faudra que ça tienne ! Petite prière ...
Là, l'équipage en prend un coup quand même, moi-même aussi même si je tente de le cacher aux autres pour ne pas les inquiéter. Je n'en mène pas large, je dois bien le dire. Cela ne m'était jamais arrivé de perdre le safran. Et je suis heureux d'avoir beaucoup lu ce qui m'a permis de savoir exactement ce qu'il fallait faire pour fabriquer un safran de fortune.

Nous réussissons à fabriquer un super gouvernail de fortune et nous pouvons remettre en route, au moteur pour le moment, je préfère tirer un peu sur le moteur pour ne pas tirer sur le gouvernail de fortune. En effet, nous sommes dans 40 noeuds de vent établis, ça piaule sec. Et il est difficile de limiter la vitesse du bateau sous voile. Donc au moteur, nous sommes tranquillement à 4 noeuds, parfait. Toutes les 4 heures, je vérifie les bouts, qui s'usent à vitesse grand V, je les change régulièrement. En fait, ils servent de charnière pour le gouvernail, c'est donc normal qu'ils s'usent aussi vite. Heureusement, j'ai trouvé un bout de 50m, tout y passera en 3 jours.

Je décide de mettre l'équipe au fait de la situation : tant qu'on reste loin des côtes, nos seuls soucis sont les cargo mais vu que nous sommes à peu près manoeuvrant, pas trop de soucis surtout qu'il n'y en a pas trop. En revanche, quand on arrivera à Nhulunbuy, là ce sera plus corsé car nous pouvons très bien nous mettre à la côte et là, il s'agira de m'obéir au doigt et à l'oeil. Ils comprennent même si la tension est palpable. Je serai même obligé de reprendre un des membres de l'équipage qui pour la première fois contredit un de mes ordres. Ce n'est pas grave, je le comprends tout à fait, comment ne pas avoir envie de jeter l'éponge dans ces conditions. Mais bon, tout rentre dans l'ordre, vraiment chapeau à tout l'équipage des Gypsea, une famille est née.

Après 3 jours de navigation arrassante à barrer à la barre franche, nous atteignons Nhulunbuy où nous arrivons sous un vent de 40 noeuds toujours bien établi. Heureusement, la zone est claire et le mouillage bien abrité de la mer. Nous sommes tous soulagés à peine l'ancre posée au fond. Mais déjà les customs (daounes) arrivent pour faire notre entrée. Pas une seconde à perdre pour eux... Jé et Ray en profitent pour débarquer avec eux dès qu'ils ont fini. Je les comprends, ils n'en peuvent plus de ce bateau, enfin pour le moment, et préfèrent partir à terre, sans même savoir où ils vont dormir.

Fin du convoyage
sisyphe au mouiillage à Nhulunbuy Flo, Sitaleki et moi passons une semaine à tenter de faire réparer le gouvernail ici. Mais hélas il n'y a pas de solution pour faire sortir le bateau de l'eau avant des mois. Donc, nous jetons l'éponge et annonçons au propriétaire que nous ne pouvons rien faire de plus. Nous nous refusons à reprendre la mer avec le bateau dans cet état pour rejoindre Darwin, situé encore à 5 jours de navigation au milieu des cailloux. Et puis la fatigue et l'usure ne nous poussent pas à relever ce défi, surtout sans véritable reconnaissance du propriétaire. Ainsi, le convoyage se terminera là, à Nhulunbuy en Australie après 2 mois et demi de navigation. Que d'aventures et d'émotions au cours de ce périple.

Je tiens à remercier tous les équipiers qui ont participé à ce convoyage, merci à Jé, Max, Sol, Flo, Ray et Sitaleki pour leur dévouement, leurs efforts et leur convivialité. Ce convoyage, malgré les conditions plus que précaires de confort, aura été un véritable bonheur à effectuer en leur compagnie. Quant au propriétaire, Hubert, même si nous n'étions pas forcément sur la même longueur d'onde des fois, il a donné de son mieux pour nous accompagner, qu'il en soit ici remercier. Quand je parle avec des professionnels de la mer de ce convoyage qui ont vu Sisyphe avant de partir, ils me disent tous que partir avec ce bateau était du suicide. Force est de reconnaître que le bateau n'était pas prêt pour un tel voyage et j'en prends ma part de responsabilité même si au final, sans la perte du safran, nous aurions probablement continuer jusqu'au bout.

Si vous êtes intéressés par acquérir Sisyphe, il est à vendre, en l'état en Australie. Hubert, le propriétaire le vend via le site www.voilier-sisyphe.com. Malgré le récit que je fais de ce voyage, je pense que c'est un bon bateau. Il a un comportement sain en mer. Certe, il faut prévoir une bonne remise à niveau mais le bateau peut avoir une nouvelle vie.

Galerie de photo du convoyage :
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